« Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme. »
Ce 11 novembre a marqué une double date. C’est ce qu’a tenu à rappeler Fatoumata Sidibé, présidente des Femmes FDF, députée bruxelloise…
D’abord la capitulation de l’Allemagne et la fin de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre 1918. Une journée de recueillement, de devoir de mémoire. Une journée pour commémorer les morts pour la liberté. Des morts qui ne sont pas morts. Des morts dont le souvenir se dresse contre la barbarie, contre le fascisme, contre le nazisme. Des morts pour rappeler le devoir de transmettre aux nouvelles générations. Des morts pour saluer la résistance. Des morts pour rappeler la mémoire internationale d’un conflit qui a fait près de dix millions de morts et vingt millions de blessés. Une journée de célébration de la victoire pour les survivants qui ont cru, qui ont espéré que cette guerre resterait la dernière de l’Histoire, la « der des der »…
Le 11 novembre, c’est aussi l’hommage au soldat inconnu.
Tout un symbole. Celui des soldats tombés au combat durant la 1re guerre mondiale, des soldats tués durant la deuxième guerre, celui de tous les soldats fauchés durant les actions militaires de maintien de la paix à travers le monde.
Un jour pour rappeler que les « tirailleurs sénégalais » (d’Afrique noire et du Maghreb) et créoles (Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion) ont marqué de leur sang l’histoire de la deuxième guerre mondiale. Et qu’ils ont peu ou pas eu la reconnaissance de leurs pairs et de l’Histoire.
Une journée pour rappeler, plus que jamais en cette période trouble de montée des intégrismes, des extrêmes de toutes étiologies, que les morts portent le flambeau de la vigilance.
Ce 11 novembre, c’est aussi la Journée nationale de la Femme en Belgique ; une date choisie d’après le passage de Simone de Beauvoir à Bruxelles, le 11 novembre 1972.
Le féminisme n’est pas mort. Il renaît, tel un phœnix car il s’agit aujourd’hui de préserver les droits acquis par les féministes historiques et d’en gagner d’autres.
Ce 11 novembre, c’est aussi l’occasion de rappeler, dans ce travail de devoir de mémoire, que durant les guerres, les femmes ont assumé tous les rôles, dans les villes, les campagnes, dans les foyers, sur le front : infirmières, militaires, espionnes, munitionettes, ambulancières, résistantes, agents, gardiennes de camps, mères de famille, pères de famille, chefs d’équipe dans les chemins de fer, menuisières, laboureurs, messagères d’espoir.
Oui, elles ont dû se battre simultanément sur deux fronts : contre l’ennemi de la patrie et contre la machine de l’État qui exerça une surveillance et un contrôle accru sur le corps féminin. Elles ont été sur tous les fronts, là où on leur déniait une capacité. La guerre finie, elles s’en sont souvenues. Elles sont, pour la plupart, tombées dans l’invisibilité, mais elles ont posé les premières pierres de l’émancipation féminine.
Ce 11 novembre, c’est aussi l’occasion de rendre hommage à ces oubliées et de rappeler un slogan qui a marqué l’émergence du Mouvement de libération de la femme en France en 1970 : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme ».
Fatoumata Sidibé
Présidente des Femmes FDF
Députée bruxelloise
Auteure et artiste peintre