Parlement francophone bruxellois
Question écrite de Mme Fatoumata SIDIBE, Députée bruxelloise FDF, à Mme Cécile Jodogne, Ministre, chargée de la Fonction publique et de la politique de la Santé. La réponse est disponible ici.
Concerne : La reconnaissance des actions de santé mentale menées par l’association SOS viol
25,6% des Belges, selon le sondage d’Amnesty et SOS viol, ont à un moment de leur vie été exposés à des violences sexuelles jugées graves. L’asbl SOS VIOL assure un accueil et un suivi individualisé à toute personne concernée par la problématique des agressions sexuelles.
SOS VIOL offre une écoute téléphonique dans l’anonymat aux personnes victimes et à leur entourage. Un soutien psychologique est assuré par l’association, sous forme d’entretiens individuels, sur le court, moyen et, c’est très important, sur le long terme. L’asbl assure aussi un rôle informatif en délivrant une information juridique, au sujet de la plainte, de la procédure judiciaire, et de la loi. Elle met en oeuvre un accompagnement social adapté aux besoins, dans les administrations et les services sociaux, la Police et le Parquet. L’association offre une réponse à toutes les demandes de formation ou de sensibilisation issues de la police, des acteurs culturels, des écoles, etc. Les Objectifs de SOS VIOL sont les suivants: aider et accompagner les personnes victimes d’une agression sexuelle; apprendre à gérer au mieux le traumatisme subi, et toutes les conséquences lourdes et spécifiques de celui-ci.
SOS viol est la seule association spécialisée dans les violences sexuelles, et elle fait preuve d’une très longue expérience, puisqu’elle est active depuis 1977. Jusqu’en 1993, le travail d’aide a été effectué bénévolement. A cette date, le premier poste de psychologue à temps plein dans l’association a été financé par l’ORBEm. Cela a permis à l’asbl de professionnaliser l’offre faite aux victimes. Et dès lors, le service s’est inscrit dans le secteur associatif bruxellois consacré à l’aide aux personnes et a été reconnu dans sa spécificité. En 2008, l’ASBL obtient une belle reconnaissance de la part du monde politique, en effet, elle fait dès lors partie du décret d’aide aux victimes. Ce qui constitue une nouvelle étape très importante dans le parcours du service.
Historiquement, SOS Viol a été agréée comme service d’aide aux victimes, en affaires sociales. En 2015, conformément à la 6ème réforme de l’Etat, l’asbl migre vers la Fédération Wallonie-Bruxelles, sous le volet « aide aux justiciables ». L’asbl a besoin d’un agrément, qui permet de pérenniser ses missions et d’en augmenter l’amplitude. Toutefois, le partenariat avec les maisons de justice risque d’entraver les objectifs de l’association, qui requièrent l’autonomie et l’anonymat des demandeurs. Les professionnels de l’aide aux victimes de violences sexuelles, et en particulier les psychologues, voient la qualité de leur approche confuse si elle doit s’exercer sous mandat. Le secteur de la santé mentale correspond mieux aux missions menées : la qualité de l’accompagnement proposé repose sur la reconstruction de la sécurité mentale, physique et sociale de la victime.
Il importe donc de dédoubler le curseur. La personne violée est victime d’un agresseur condamnable, à ce titre, la réponse est évidemment judiciaire. La personne violée est aussi victime d’une effraction personnelle. La mesure, par la victime, des dégâts d’un viol en elle est d’une autre nature que la recherche de justice. C’est la réappropriation du rapport subjectif à soi-même, et ce travail est psycho-médico-social, et nécessairement réalisé en connexion avec des partenaires de confiance, qui ne jugent pas. Dans cette démarche, il y a les retrouvailles avec les émotions, avec la sensibilité, l’identification des facteurs menaçants et des facteurs apaisants, la solidification des vecteurs de sécurité. La valeur de l’« en soi », du « pour soi »,
et de l’ « avec l’autre », est progressivement réhabilitée. Tout ceci a lieu dans un tout autre registre et dynamique différente que ceux de la preuve.
Madame la Ministre, je vous remercie déjà pour les réponses que vous apporterez aux questions suivantes :
Quelle est votre position ? Trouvez-vous opportun de reconnaître structurellement la dimension clinique du problème des violences sexuelles ? Combien l’association a-t-elle reçu en 2014 pour ses activités de prévention? Qu’en sera-t-il pour les années suivantes ? Avez-vous eu l’occasion de rencontrer l’équipe de SOS viol ? Comment la Cocof s’implique-t-elle en ce qui concerne le volet santé et prévention spécifique à la problématique?
Fatoumata SIDIBE
Le 2 février 2015