Souvenez-vous, l’été dernier… quand j’ai voulu picoter dans les caves !
Pour celles et ceux qui n’ont pas suivi, je vous suggère de lire ma chronique d’une plainte déposée…pour discrimination. Les articles sont à lire ici dans Le Soir et la DH.
La gérante de l’établissement « Les Caves du Picotin » m’avait refusé l’entrée, au motif que je ressemblais à la description d’une femme qui commettait des faits de grivèlerie dans le quartier. Je savais que ma plainte déposée à la police serait classée sans suite, faute de preuve suffisantes mais c’était important de parler. Parallèlement au dépôt de plainte, j’ai fait un signalement au Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le racisme afin de recueillir leur avis au regard de la loi. Lors d’un entretien téléphonique en septembre 2013 avec le service discrimination du Centre, j’avais été étonnée d’apprendre que la tenancière s’était rétractée et avait annoncé que ce n’est pas la police qui l’avait mise en garde mais des restaurateurs. Par ailleurs, le CECLR disait avait contacté la police d’Ixelles qui leur a indiqué qu’elle n’a pas enregistré de plaintes pour grivèlerie à l’encontre d’une personne correspondant au profil annoncé : « une femme de type mulâtre, trentenaire, de bonne présentation »! De mon côté, j’ai fait effectuer des recherches auprès de la commune d’Ixelles. Il m’a été confirmé que la police n’a jamais fait de signalement d’une mulâtre. Or, toute l’argumentation de la restauratrice reposait sur la mise en garde et le signalement reçu par la police. A la lumière des faits et des éléments, j’ai redemandé l’avis et la décision du Centre concernant cette affaire en février. Il me semblait important de clarifier le cadre et les limites à la liberté d’interdire l’accès à un lieu public sur base d’allégations fondées sur des caractéristiques ethnique, culturelles, physiques ou autre. Le centre a répondu, entre autres, que « l’absence de plainte ne suffit pas à démontrer de manière absolue que cet établissement n’a pas eu à faire face à des faits. Ils n’ont pas nécessairement fait l’objet d’une démarche auprès des services de police » Donc, une dizaine de cas de grivèlerie se déroulent dans différents restaurants à Ixelles et aucun des restaurateurs ne juge important de le signaler à la police ? Vous avez dit bizarre ? Comme c’est étrange ! Et le Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme de poursuivre : « Sur un seul signalement et compte tenu des explications qui nous ont été données, le Centre ne peut conclure au caractère discriminatoire, au sens de la loi, du refus de service qui vous a opposé. On peut comprendre que, n’ayant strictement rien à vous reprocher, vous vous sentez particulièrement blessée par ce refus » Moi blessée ? Allons donc ? Il n’y a pas de quoi, vraiment ! Et le Centre de clôturer « A ce titre, vous pourriez demander une forme de compensation, si vous estimez que les excuses ne suffisent pas, non pas tant en raison d’une attitude éventuellement raciste, mais bien en raison du manque de discernement et une communication indélicate de la part de l’établissement. Le Centre considère donc qu’une procédure judiciaire ne serait pas opportune eu égard aux éléments des faits repris ci-dessus et aux excuses formulées par la gérante. Le Centre conserve donc un enregistrement de ce dossier et pourrait en cas de nouveau signalement envers ce restaurant, envisager de novelles démarches. Si des incidents similaires devaient se répéter, ce serait un indice qui pourrait penser à une politique d’accès discriminatoire ». Voilà l’affaire est close mais pas le silence. Brisez-le chaque fois que vous ou quelqu’un de votre entourage est victime de discriminations qu’elles soient liées à l’âge, à l’origine ethnique, à l’appartenance religieuse, à l’orientation sexuelle, au handicap, au sexe. Au nom de toutes celles et ceux qui subissent les discriminations… dans le silence. Il y aura forcément le CAS de trop qui ne résistera pas à l’épreuve de la loi!