Jour : 7 septembre 2018

Fatoumata Sidibé propose la création d’un musée de l’Immigration

Fatoumata Sidibé propose la création d’un musée de l’Immigration
Le mardi 4 septembre 2018.
En suspens depuis 2001, le projet du musée de l’Immigration n’a toujours pas vu le jour. Fatoumata Sidibé, députée bruxelloise DéFI et présidente de DéFI Femmes, relance ce “projet salutaire pour repenser les valeurs communes”. Elle a d’ailleurs déposé, en avril dernier, une proposition de résolution en ce sens au parlement bruxellois.   

Invitée de L’Interview sur BX1 ce mardi 4 septembre, Fatoumata Sidibé ne manque pas de rappeler qu’ « on manque de volonté politique pour créer un musée de l’Immigration. Il y a eu un projet mais qui a été arrêté car les discussions avec le fédéral n’ont jamais abouti. Il faut que la Région soit proactive pour fédérer autour d’elle et aboutir. »
Pour Fatoumata Sidibé – par ailleurs candidate DéFI à la Ville de Bruxelles pour les élections d’octobre prochain – ce musée permettra à chacun de découvrir la culture de l’autre à Bruxelles, capitale de l’Europe et du cosmopolitisme. Les différentes vagues d’immigration ont construit la Belgique que nous connaissons aujourd’hui. Il faut donc “transformer le regard de la population sur la migration”, précise-t-elle.

L’élue amarante dénonce ainsi le “manque d’intérêt politique pour ce sujet”, qui demeure pourtant crucial. Le contexte actuel favorise et facilite les discours haineux, racistes et antisémites, qu’il faut, à tout prix, combattre.
Pour la présidente de DéFI Femmes, ce musée de l’Immigration en Région bruxelloise permettra également de “faire une société ensemble”.
Fatoumata Sidibé demande donc que le gouvernement bruxellois mette tout en oeuvre pour, enfin, ouvrir ce musée de l’Immigration. La députée DéFI demande également la création d’un comité spécifique garantissant une programmation de qualité.
Dans la presse également :
La Libre Belgique

 

 

DéFI veut un musée de l’immigration

3 septembre 2018,  La Libre : DéFi veut un musée de l’immigration

Défi veut un musée de l’immigration
La Libre Belgique* – 03 sep. 2018
Page 11
* La Libre Belgique édition nationale, La Libre Belgique Liège, La Libre Belgique Hainaut, La Libre Belgique Brabant Wallon, La Libre Belgique Bruxelles
Et si Bruxelles avait un musée de l’immigration, au même titre que Paris ou Londres ou New York ? Pour Fatoumata Sidibé, c’est une évidence. Pourtant, la députée bruxelloise (Défi), ne voit rien venir alors que la création d’un tel musée a été maintes fois annoncée.“On parle de ce projet depuis 2001. À l’époque, il avait été question de mettre en place un comité scientifique pour travailler sur la question. L’ancien Hôtel des douanes (un bâtiment de 800 m2 sur le site de Tour et Taxi, NdlR) était pressenti pour l’accueillir. Des pourparlers ont été menés et puis… le projet a été abandonné. S’il est aux oubliettes aujourd’hui, 17 ans plus tard, c’est à cause d’un manque de volonté politique” , soupire Fatoumata Sidibé, qui a déposé une proposition de résolution au Parlement bruxellois.
Et si ce document n’a rien de contraignant, la députée espère pouvoir (r) ouvrir le débat sur ce projet qu’elle voit comme un outil d’éducation, de lutte contre toutes les formes de racisme et de compréhension de la société. “Chaque fois que j’en parle, je suis muselée. On me répond soit qu’il n’y a pas assez de fonds, soit que ça ne figure pas dans l’accord de majorité. C’est un projet d’envergure qui mérite de penser plus loin qu’une seule législature. Aujourd’hui, il y a toute une génération qui ignore l’histoire de l’immigration en Belgique. Or, si l’on veut construire une société ensemble, il faut enseigner l’immigration.”
Fin 2017, trois ans après avoir été frappé par un attentat, le Musée juif avait rouvert ses portes avec une exposition sur l’immigration intitulée “Belgique, terre d’accueil”. La responsable de l’exposition avait alors rappelé “qu’au vu de l’actualité, il est plus que jamais nécessaire d’ouvrir un tel musée. Il faut expliquer qui a forgé Bruxelles pour en faire ce qu’elle est aujourd’hui et réfléchir à ce qu’elle devra être demain”.
S. F

La négrophobie, un racisme “pernicieux” bien ancré

La négrophobie, un racisme “pernicieux” bien ancré
La Libre Belgique
– 07 sep. 2018
Page 8
*
La Libre Belgique : édition nationale, Liège, Hainaut, Brabant Wallon, Bruxelles.
Avant le “tu es trop noire” à Cécile Djunga, il y a le “tu es un singe” à Christiane Taubira, le “tu prendras bien une banane” à Cécile Kyenge (ex-ministre italienne), le “tu rentrerais bien dans ton pays” à Germain Mugemangango (porte-parole du PTB), le “on ne veut pas de toi sur le terrain” d’un parent à un Romelu Lukaku encore enfant. Tout ça pour une couleur de peau. Avec son coup de gueule ce mercredi sur Facebook, à peine quelques semaines après les incidents au Pukkelpop et à Aarschot, la présentatrice météo de la RTBF a été “la voix des sans-voix” , dixit Patrick Charlier, le directeur d’Unia. Car, si peu de monde dénonce, il ne faut pas se pencher longtemps sur la question de la négrophobie pour constater l’ampleur du phénomène. Aline, une jeune Belge aux origines congolaises, a été confrontée très tôt au racisme. Dans les plaines de jeux,

des enfants la surnomment “Blanche-Neige” ou “Bamboula”. Furieuse, sa mère voudra la protéger et jugera mieux de lui dire de faire profil bas. “Elle m’a dit : parce que tu es métisse, on va te faire des remarques. Il faut que tu sois irréprochable. Je devais faire en sorte de ne nourrir aucun cliché sur les Noirs : ne pas sentir fort, ne pas être bordélique, ne pas être en retard, etc.” Vingt ans après avoir délaissé les toboggans et les balançoires, elle constate que les clichés auxquels elle a été confrontée petite sont encore largement répandus. “Se faire traiter de Bamboula, encore aujourd’hui, ce n’est pas si rare que ça! Et c’est fatiguant de devoir toujours se défendre ou d’accorder quelconque importance à ce genre de propos. Donc parfois, je laisse couler”, raconte-t-elle.

La mère de Christine, jeune Liégeoise sortie des études il y a quatre ans, a quant à elle toujours dit à sa fille que son meilleur bouclier serait l’humour. Pour son premier job d’étudiante, elle doit passer un entretien d’embauche. Ni le nom sur son CV, ni sa voix au téléphone ne trahissent ses origines. Dans le restaurant de son potentiel futur employeur, elle est accueillie par “Oh, je ne savais pas que vous étiez Noire”. Christine ne prendra pas la peine d’aller plus loin. “Moi, je ne savais pas que vous étiez gros”, rétorque-t-elle juste avant de fermer la porte, sans la claquer. “J’aurais pu crier au scandale mais je préfère sourire, renvoyer aux gens leur propre bêtise et les regarder se sentir mal. C’est plus jouissif et moins frustrant! Mais ça demande de l’entraînement pour trouver la bonne phrase au moment opportun. Heureusement, quand on est confronté à des méga-clichés du genre ‘les Noirs et les singes’, on développe vite un certain sens de la repartie”, ironise-t-elle.
Un terme peu utilisé D’après une enquête menée par trois grandes universités du pays et publiée par la Fondation Roi Baudouin en décembre 2017, 80 % d’Afro-descendants ont été victimes de discriminations, d’inégalités de traitement ou de racisme en raison de la couleur de leur peau ou de leurs origines. “On a tous été confrontés à ça un jour, d’une façon ou d’une autre”, estime Fatoumata Sidibé, députée bruxelloise. “Sur les réseaux sociaux, c’est très violent. Dans la vraie vie, même en politique, c’est beaucoup plus pernicieux. On vous fait comprendre que vous êtes toléré, qu’on vous fait une faveur. Comme si les Noirs n’étaient pas légitimes”, explique celle qui estime que le mot “négrophobie” est encore sous-utilisé. “Le racisme anti-Noirs est banalisé. Un jour, sur le temps de midi, une dame et sa petite fille mangeaient ensemble. La gamine m’a dévisagée et m’a traitée de Bamboula. Ce n’est pas un terme qu’elle suce de son pouce, elle l’a entendu quelque part… Pareil pour ce petit garçon de trois ou quatre ans croisé dans la rue qui dit ‘Maman regarde, une négresse ’. On ne peut plus accepter cela.”  En août, au festival Pukkelpop, à Hasselt, deux jeunes femmes de couleur noire ont été molestées, un groupe de jeunes chantant en outre à leur endroit : “Couper les mains, le Congo est à nous”.
Le 28 août, en gare d’Aarschot, un adolescent noir de 15 ans a été bousculé puis jeté sur les voies de chemin de fer par un groupe d’adultes. Trois personnes ont été interpellées à la suite de ces faits. Infrabel a porté plainte. Le 5 septembre, Cécile Djunga, présentatrice de la météo à la RTBF, révèle, dans une vidéo, qu’elle est depuis un an victime de messages racistes de la part d’internautes et de téléspectateurs.

Sarah Freres

J’ai été refusée à l’entrée d’un restaurant …

« J’ai été refusée à l’entrée d’un restaurant …
Sud Presse – 07 sep. 2018
Page 4,5
* Sud Presse : La Meuse – Basse Meuse, La Capitale Brabant Wallon, La Nouvelle Gazette -Charleroi, La Capitale, La Meuse – Liège, La Meuse – Huy Waremme, La Nouvelle Gazette – Centre,La Nouvelle Gazette – Entre Sambre et Meuse, La Province, La Meuse – Luxembourg, La Meuse -Namur, Nord Eclair – Tournai, La Meuse – Verviers, Nord Eclair – Mouscron.
Fatoumata Sidibé (DéFI) s’est vu refuser l’entrée dans un restaurant.« Il y a trois ans, la patronne n’a pas voulu que je franchisse son seuil. Elle disait qu’une ‘mulâtre’ venait souvent manger dans le coin et partait ensuite sans payer. Malgré que j’ai ensuite montré mon argent, elle a refusé. J’ai donc porté plainte. Je me suis dit que si je me taisais aussi, qui allait en parler et qui allait élever les consciences au problème du racisme ? » , nous confie la députée bruxelloise.
« Sur les réseaux sociaux, je reçois aussi des insultes du style : négresse va développer ton village dans ton pays. Heureusement, je suis assez forte pour passer outre. On m’a aussi refusé, dans le train, ma carte de transport parlementaire. L’accompagnateur affirmait que c’était une fausse. Mon fils, lui, a été refusé d’entrer dans une discothèque. Il a appelé la police. On lui a répondu que le portier étant noir, il ne pouvait être raciste. Or, on sait tous que des quotas sont exigés », ajoute-t-elle.
« La négrophobie est grandissante et on n’en parle pas assez. C’est un racisme pernicieux et normalisé. L’emoji caca de l’ancienne Miss Belgique a par exemple été totalement minimisé. Mais il y a aujourd’hui un mouvement qui veut dénoncer et faire connaître ce triste et inacceptable phénomène » , conclut M me Sidibé.