Parlement francophone bruxellois
Intervention de Fatoumata Sidibé, Députée Défi À MME CÉLINE FREMAULT, MINISTRE EN CHARGE DE L’ACTION SOCIALE – 24 novembre 2017
Concerne : LA CAMPAGNE « FRED ET MARIE » – La réponse est disponible ici.À la veille du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, c’est l’occasion de rappeler la réalité dramatique de ce fléau qui touche des femmes partout dans le monde, en tout temps et en tout lieu.
Pour rappel, d’après l’enquête 2014 de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, plus d’une femme sur trois en Belgique a subi des violences physiques et/ou sexuelles depuis l’âge de quinze ans. Pour une sur quatre, ces violences étaient le fait d’un partenaire ou ancien partenaire. À Bruxelles, en 2016, il y a eu 2.300 plaintes pour violences conjugales, plus de 500 plaintes pour violences sexuelles, dont 45 viols collectifs. En Belgique en 2017 – et l’année n’est pas terminée – un article du Soir dénombre 38 femmes tuées parce qu’elles étaient femmes.
Et ces drames ne sont pas éloignés de nous. En septembre, j’apprenais avec beaucoup de tristesse et stupéfaction l’assassinat par plusieurs coups de couteau d’une connaissance par son mari. Un drame repris dans les faits divers. Il existe bien sûr des avancées : je pense aux plans d’action nationaux contre les violences faites aux femmes menés depuis 2001. Depuis 2006, il y a eu également des circulaires prônant la tolérance zéro pour une meilleure collaboration entre les services de police/le Parquet et les services d’aide pour l’accueil des victimes et le suivi des plaintes.
Depuis 2009, il existe une ligne d’écoute téléphonique SOS Violences conjugales et, depuis juillet 2013, une autre ligne est dédiée aux mariages contraints ou subis. Une loi contre le sexisme a été lancée en 2014. Enfin, depuis novembre 2016, une ligne téléphonique SOS Viol, le 0800 98 100, a été rendue gratuite. C’est une bonne avancée.
Il reste toutefois de nombreux défis et enjeux à relever : les places d’urgence, les refuges secrets et sécurisés, l’hébergement à long terme. Ce sont des problèmes cruciaux, tout comme la prise en charge de toutes les femmes, quel que soit leur statut administratif.
Je voudrais tout de même pointer deux bonnes nouvelles. D’abord, l’ouverture d’une nouvelle maison d’accueil en Région bruxelloise pour les victimes de violences conjugales, qui peut accueillir 24 personnes – femmes et enfants – dans un refuge tenu secret ; ensuite, la modification cette année du décret relatif aux maisons d’accueil, afin de leur allouer une subvention pour le posthébergement. C’est un poste important, car il permet de garantir la continuité du suivi et de l’accompagnement des bénéficiaires une fois qu’ils ont quitté la maison d’accueil.
J’en viens maintenant aux harcèlements sexistes.
On se souviendra de ce mois d’octobre, de sa déferlante de hashtags et de témoignages de milliers de femmes concernant les agressions qu’elles vivent au quotidien. Si les réseaux sont devenus aujourd’hui un exutoire, c’est qu’il y avait un vide et que ces femmes ne se sentaient pas assez entendues ni écoutées.
Une digue se rompt aujourd’hui pour toutes ces femmes pour lesquelles le harcèlement sexiste était jusqu’alors passé sous silence. Nous espérons qu’il s’agit aujourd’hui d’un tournant important en la matière. En effet, si la honte n’a pas complètement changé de camp, elle est aujourd’hui aussi présente dans l’autre camp. De nombreuses personnes – notamment les hommes – ont compris l’ampleur du phénomène.
Néanmoins, il nous faut mettre l’accent sur la prévention, l’éducation et la répression. Nous devons aussi lancer régulièrement des campagnes nationales de promotion et d’information. L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) a un rôle important à jouer également puisqu’elle continue à lutter contre les stéréotypes négatifs liés aux femmes, à la fois dans la rue, les médias ou encore la publicité. Le travail que vous réalisez pour le moment n’est pas suffisant. Le monde associatif est déjà sur le qui-vive en la matière.
Fin 2018, la Belgique sera invitée à présenter un rapport sur la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul qu’elle a signée et ratifiée.
J’en viens à mes questions, Madame la présidente.
- Disposez-vous d’un bilan des activités de la ligne d’écoute téléphonique ? Depuis l’affaire Weinstein, constate-t-on des appels relatifs aux harcèlements sexistes ? Cette ligne d’écoute a été renforcée et est à présent joignable 24 heures sur 24 et sept jours sur sept grâce à Télé-Accueil et aux autres pôles de ressources. L’élargissement aux week-ends a-t-il eu des conséquences importantes en termes d’actions et d’appels ?
- Enfin, quel est le bilan de la campagne Fred et Marie ou Marie et Fred en termes de visibilité et de diffusion ?
- En ce qui concerne le harcèlement sexiste, quelles sont les réponses de la Commission communautaire française ? Au-delà des journées dédiées aux femmes ou consacrées à la défense de leurs droits, celle-ci envisage-t-elle de mener des campagnes permanentes ?