Etat des lieux de l’apprentissage et de l’appropriation de la langue française
L’apprentissage et l’appropriation de la langue française en tant que citoyen actif est une priorité majeure des politiques de cohésion sociale, telle que définie par la Commission communautaire française pour le nouveau quinquennat 2016-2020.
En effet, la priorité 2 de la Cohésion sociale 2016-2020 est intitulée «L’apprentissage et l’appropriation de la langue française en tant que citoyen actif», et non plus «l’alphabétisation et l’apprentissage du français pour adultes peu ou non scolarisés», comme lors du quinquennat 2011-15.
Nous ignorons encore aujourd’hui le nombre de personnes touchées par l’analphabétisme et l’illettrisme dans notre pays. Je rappelle que le chiffre communément avancé est celui de 10%. Il s’agit d’une estimation. Ce chiffre est en deçà de la réalité sans compter que le flux de nouveaux arrivants pourrait aussi faire grimper les chiffres.
Sans données chiffrées, comment dès lors adopter des politiques cohérentes et des mesures adaptées ? Les causes de l’illettrisme et de l’analphabétisme sont multiples : décrochage scolaire, les personnes d’origine d’étrangère qui ont été faiblement ou pas scolarisées dans leur pays d’origine, il y a la précarité (dans certains quartiers où le chômage des jeunes peut atteindre les 40 %).
Il faut aussi noter toutes ces personnes d’origine étrangère qui sont lettrées dans une autre langue, qui sont parfois hautement diplômées mais qui ne maîtrisent pas ou peu la langue du pays d’accueil.
Le manque d’instruction et de qualification professionnelle sont des thématiques qui sont largement débattues dans ce parlement, alors que l’illettrisme et l’analphabétisme le sont beaucoup moins. Ce phénomène est pourtant une source de désarroi importante pour toute personne désireuse de s’intégrer, professionnellement ou culturellement.
D’ailleurs, ces thématiques interagissent entre elles ! Le défi de la formation professionnelle et de l’emploi est aussi celui de l’analphabétisme, de l’illettrisme et de l’apprentissage du français comme langue étrangère.
Au niveau des familles, l’alphabétisation améliore les compétences des parents et a un impact positif sur la réussite scolaire des enfants.
L’ensemble du secteur de l’alphabétisation, dont il faut saluer le travail, est confronté à la difficulté de répondre à la demande faute, entre autres de financements publics suffisants.
Je voudrais également répercuter les inquiétudes du secteur qui nous rappelle que les plans d’activation ne tiennent pas compte des difficultés spécifiques des publics qu’elles accueillent, parfois sanctionnés plusieurs fois. On met des pressions sur les chômeurs pour suivre des formations or, il y a une pénurie de places.
Le manque d’offres de formation en alphabétisation est réel, et laisse donc des personnes incapables de répondre aux exigences croissantes des métiers d’aujourd’hui. On peut avoir des capacités professionnelles et être en difficulté de lire, écrire et calculer. Il importe que l’accompagnement se pense de manière à prendre en compte les besoins particuliers des publics de l’alphabétisation.
A cet égard, l’asbl Lire et Ecrire a récemment encore réaffirmé « la nécessité de développer l’offre de formation, d’augmenter les moyens matériels alloués aux opérateurs de terrain, d’adapter les aides à la recherche d’emploi et d’accroitre la durée des formations en fonction des besoins des personnes pour leur permettre d’accéder à des emplois qualifiés».
Lors de ma dernière interpellation sur le sujet, Madame Laanan, répondant en votre nom, déclarait que le comité de pilotage était en train de rassembler les informations relatives aux différentes sources de financement des opérateurs d’alphabétisation.
De plus, il avait été annoncé que la banque de données ainsi que le formulaire harmonisé permettant un rapportage unique et le croisement des informations relatives aux actions d’alphabétisation étaient en passe d’être activés.
En outre, les administrations concernées devaient adresser une lettre aux opérateurs d’alphabétisation afin de procéder à la collecte des informations relatives à l’exercice 2014. Enfin, l’amélioration des aptitudes professionnelles des formateurs avait été évoquée.
C’est pour cela, Monsieur le Ministre, que je voudrais faire le point sur les éléments suivants :
- Où en est l’étude statistique concernant l’analphabétisme et l’illettrisme ?
- Qu’en est-il du formulaire électronique qui devait servir à la récolte d’un nombre plus important de données qualitatives relatives aux différentes politiques menées en matière d’alphabétisation et de les évaluer ?
- Qu’en est-il de la coordination et des actions du Comité de pilotage alphabétisation, mis en place par la conférence interministérielle Fédération Wallonie-Bruxelles, Région wallonne et Commission communautaire française ? Quel est son bilan ?
- Concernant le nouveau quinquennat, vous disiez avoir choisi d’augmenter les exigences en termes d’heures d’apprentissage, afin d’intensifier et d’accélérer le parcours des apprenants, l’objectif étant de libérer plus rapidement des places pour les personnes qui attendent l’accès à ce dispositif. Qu’en est-il de son application ? Quelles sont les réactions du secteur de la cohésion sociale face à cette mesure ?
- Pourriez-vous me dire quelles sont les actions qui sont menées sous le vocable « citoyen actif ? »
- Qu’en est-il de la formation continue de formateurs professionnels ou bénévoles ?
- Quels sont les enseignements tirés du rapport de l’asbl Lire et Écrire ?