L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras)
Mme Fatoumata Sidibé (FDF).- L’éducation sexuelle est un droit. En juin 2012 déjà, un tournant majeur est survenu avec l’adoption par la Fédération Wallonie-Bruxelles du décret modifiant diverses dispositions en matière d’enseignement obligatoire. Celui-ci inscrit l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras) dans les missions obligatoires de l’école. La réponse est disponible ici.
Décréter ne suffit cependant pas pour que les choses avancent. Il faut effectivement faire en sorte que les écoles soient davantage compétentes pour mener à bien cette mission d’Evras. C’est l’ensemble de la communauté scolaire, avec le soutien d’intervenants extérieurs impliqués par l’Evras, qui doit être inscrite dans le projet global de l’école. On ne répétera jamais assez que l’Evras est un outil fondamental de la construction de l’individu et de l’éducation citoyenne, puisqu’elle permet de libérer un espace de parole tolérant, respectueux et ouvert, où peuvent être abordées différentes questions essentielles comme le respect de soi et de l’autre, l’égalité homme-femme, le respect des différentes sexualités et de l’identité de genre. Elle permet en outre de
déconstruire des stéréotypes, d’aborder différentes formes de violences, la sexualité, les relations amoureuses, la contraception et les maladies sexuellement transmissibles (MST).
C’est également un espace important pour susciter une réflexion critique et permettre à chacun de poser des choix éclairés et respectueux de chacun. Enfin, elle permet d’orienter les élèves, en cas de besoin, vers les services d’aide sociale ou médicale.
Il est donc temps de généraliser l’Evras dans toutes les écoles bruxelloises. Beaucoup d’experts s’accordent à dire que, pour être efficace, l’Evras doit être dispensée tout au long du cursus scolaire, école maternelle comprise, en s’adaptant aux préoccupations, à l’âge et au niveau de maturité des élèves.
Nous avons appris dans la presse l’adoption par la Commission communautaire française, en juin dernier, d’un arrêté qui, conformément à la déclaration de politique générale, fait un pas vers la généralisation des animations d’Evras dans les écoles de la Région bruxelloise.
Vous avez décidé d’augmenter les moyens quantitatifs et qualitatifs : 8.000 heures d’animation sont financées par la Commission communautaire française dans plus de 180 établissements scolaires, pour un budget de 300.000 euros.
Ce dernier est un peu serré, compte tenu des besoins. C’est la raison pour laquelle vous avez décidé d’étoffer l’enveloppe, sous la présente législature, en fonction des besoins.
En effet, beaucoup d’écoles ne disposent pas de telles animations et des disparités existent entre les types d’enseignement. Il a souvent été avancé que l’enseignement général était beaucoup plus touché que l’enseignement professionnel, technique ou artistique, où les élèves sont plus précoces et adoptent des comportements sexuels à risque.
Par ailleurs, les animations diffèrent selon les établissements scolaires, au niveau du contenu de l’animation, de la taille et de la mixité des groupes qui suivent celle-ci, ainsi que de la fréquence. La question de la définition de ce contenu se pose donc.
Outre l’obligation et les moyens d’y répondre, il faut aussi que les mesures prises soient évaluées. Quelles mesures sont ou seront-elles prises pour que tous les élèves soient touchés par l’Evras ? Vous avez annoncé que l’enveloppe de 300.000 euros serait gérée par la Fédération laïque de centres de planning familial (FLCPF) afin d’en optimiser la gestion administrative. Qu’attendez-vous d’une telle rationalisation ?
Sur le terrain, des collaborations sont organisées entre centres de planning familial et associations. Où en est-on dans cedomaine ? En 2003, il ressortait d’un état des lieux de l’Evras que 20% des jeunes de deuxième, troisième et quatrième années et l’enseignement secondaire n’avaient jamais participé à des animations d’Evras.
Existe-t-il des chiffres actualisés, permettant de refléter la réalité du terrain ?
Une vision claire, un recensement, des lieux de ressources, une juste répartition des tâches,… tout cela s’impose pour mettre en place des actions concrètes et répondre aux demandes du terrain. À cet égard, qu’en est-il de la cartographie prévue et tant attendue par tous ?