Parlement francophone bruxellois
Question orale de Mme Fatoumata SIDIBE, Députée bruxelloise FDF, à Mme Cécile Jodogne, Ministre, chargée de la Fonction publique et de la politique de la Santé. La réponse est disponible ici.
Concerne : Le dépistage de la drépanocytose – 6 mars 2015
Selon les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé, près de 5% de la population mondiale portent les gènes caractéristiques des hémoglobinopathies, qui sont principalement ceux de la drépanocytose et de la thalassémie1. Communément appelée Anémie falciforme ou Anémie SS, la drépanocytose est une maladie génétique héréditaire qui se caractérise par une modification de la forme des globules rouges. Moins élastiques, les hématies falciformes peuvent obstruer les petits vaisseaux sanguins et bloquer la circulation sanguine. Une moins bonne oxygénation du sang et l’occlusion des vaisseaux sanguins chez les drépanocytaires peuvent entraîner des douleurs aigues dans différentes parties du corps (os, abdomen, rein, cerveau, rétine, etc.), une anémie chronique, des graves infections bactériennes, des nécroses…
Sur le plan épidémiologique, les hémoglobinopathies sont surtout répandues chez les patients des territoires d’endémie palustre comme en Afrique subsaharienne, dans le bassin méditerranéen, l’Asie, le Maghreb, le Moyen Orient, les Antilles, etc.
En raison des migrations des populations, ces affections héréditaires ont été disséminées dans d’autres régions du monde. Ainsi, ces dernières décennies, on a pu constater une augmentation rapide de la taille de la population atteinte, particulièrement dans les zones urbaines2. Et, bien qu’il s’agisse d’une maladie encore méconnue chez nous, elle représente un vrai problème de santé publique puisqu’il s’agit de la première maladie génétique en France, et probablement dans le monde. En outre, de par le brassage des populations, des associations avec d’autres affections hémoglobinopathiques, telles que le pneumocoque, se sont développées.
Il est important de mentionner que les organes directeurs de l’Organisation mondiale de la Santé ont adopté deux résolutions sur les hémoglobinopathies. A cet égard, la 59e Assemblée mondiale de la Santé, dans la résolution sur la drépanocytose qu’elle a adoptée en mai 2006, invite instamment les pays touchés et le Secrétariat de l’OMS à mettre davantage de moyens en oeuvre pour combattre ces affections. Il est donc important de donner les moyens aux centres de références afin d’améliorer les techniques de dépistage et surtout de suivre les patients. Si la maladie reste sérieuse et invalidante aujourd’hui, l’espérance de vie a considérablement augmenté grâce à un dépistage précoce, aux progrès thérapeutiques et à la prévention.
A Bruxelles, la drépanocytose risque de devenir un vrai problème compte tenu du brassage de la population.
C’est pourquoi, Madame la Ministre, je voudrais vous soumettre les questions suivantes :
1. Disposez-vous de données concernant la prévalence à Bruxelles ? Quels sont les centres de références dans lesquels le dépistage est organisé ?
2. Des campagnes d’information et de sensibilisation existent-elles pour sensibiliser les populations cibles ? Quelles sont les concertations avec les autres niveaux de pouvoir ?
Fatoumata SIDIBE
1 http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs308/fr/
2 Scand J Clin Lab Invest. 2007; 67 (1): 39 – 69, cité par Béatrice Gulbis, Frédéric Cotton, Alice Ferster, Françoise Vertongen, Les syndromes drépanocytaires : Les résultats du dépistage néonatal dans la Région de Bruxelles Capitale 2004-2012, Réseau des hémoglobinopathies, ULB-Erasme, 2013