- Une mission non-officielle derrière les grilles de Silivri publié dans le numéro de Mai de Journalistes, la revue mensuelle éditée par l’Association des journalistes professionnels (AJP). L’article est disponible ici.
- Du 21 au 24 avril. Mission belge non officielle de trois parlementaires bruxellois composée de Je
an-Claude Defossé (Ecolo), Fatoumata Sidibé (FDF) et André du Bus (CDH) pour suivre le procès de 44 journalistes en Turquie et examiner le sort réservé à la liberté d’expression et à la liberté de presse dans ce pays candidat à l’Union européenne. Le journaliste indépendant Mehmet Koksal (vice-président de l’Association des Journalistes Professionnels) accompagne la délégation belge sur le terrain. le rapport de mission reprenant des articles de presses est disponibles ici.
- (Belga) Liberté de presse menacée en Turquie: 3 parlementaires appellent à poursuivre les actions
BRUXELLES 26/04 (BELGA) = Les actions publiques en faveur de la libération de journalistes détenus pour délits de presse en Turquie doivent se poursuivre alors que ce pays reste un important partenaire de la Belgique. Plusieurs accords de coopération avec la Turquie ont été passés à différents échelons de pouvoir dans notre pays, mais la liberté de la presse est loin d’y être garantie, expliquaient vendredi à Bruxelles trois parlementaires bruxellois de retour d’une visite de trois jours en Turquie.
Jean-Claude Defossé (Ecolo), Fatoumata Sidibé (FDF) et André du Bus (cdH), accompagnés du journaliste indépendant Mehmet Koksal, ont exposé leurs « impressions de voyage » au cours d’une conférence de presse à l’AJP à Bruxelles.
Leur déplacement, non officiel, fait suite à une résolution votée au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et appelant les autorités turques à faire libérer les journalistes en question. A la suite de cette résolution, Jean-Claude Defossé, lui-même
ancien journaliste, avait plaidé pour l’envoi d’une mission officielle. La proposition n’a cependant pas abouti, les élus du PS et du cdH s’opposant à l’envoi d’une telle délégation et le MR s’abstenant.
« La frilosité de certains partis en Belgique sur ce sujet n’est pas à chercher plus loin que dans des raisons électoralistes »,
souligne, à titre personnel, M. Defossé. La mission s’est déroulée du 21 au 24 avril. Ses membres ont assisté à une audience du procès KCK Presse. Quarante-quatre journalistes étaient appelés à comparaître dans une salle située en quelque sorte au sein du complexe de la prison de Silivri, à quelque 80 kilomètres d’Istanbul. La plupart sont déjà incarcérés pour des faits qualifiés de terrorisme. « En réalité, des délits de presse liés à la défense de la cause kurde », précise André du Bus.
Le suivi de cette audience constituait le moment fort de ce déplacement mais, les jours suivants, les parlementaires et le journaliste indépendant ont notamment visité la rédaction d’un des principaux quotidiens kurdes en langue turque (Özgür Gündem) et se sont entretenus avec la journaliste arméno-turque Aris Nalci et le correspondant local du Monde, Guillaume Perrier.
Outre le manque d’intérêt de la classe politique, Jean-Claude Defossé a également déploré le peu de place accordée à cette thématique dans les médias. « Nous tenons à faire cesser cette omerta qui plane autour d’une problématique touchant un pays situé aux portes de l’Europe et où 600.000 Belges passent leurs vacances chaque année en ignorant ce qui s’y passe », souligne le parlementaire Ecolo.
Les membres de la mission ne désespèrent pas de réitérer l’expérience, dans un cadre officiel cette fois. Au dernier classement mondial des pays respectant la liberté de la presse, établi par l’ONG française Reporters sans Frontières et publié fin janvier, la Turquie pointait au 154e rang et avait perdu six places en un an.
CLA/CHN/./.
- « Il faut libérerles journalistes turcs » La Libre.be
http://www.lalibre.be/actu/international/article/812263/il-faut-libererles-journalistes-turcs.html
Ch. Ly. Mis en ligne le 27/04/2013
Trois parlementaires bruxelloisreviennent du procèsde 44 journalistes, près d’Istanbul. TURQUIE
Trois parlementaires bruxellois réclament la libération de 44 journalistes en Turquie dont le procès se déroule actuellement dans l’immense prison de Silivri, à 80 km d’Istanbul. Ces journalistes, pour la plupart kurdes, sont poursuivis pour appartenance présumée au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) avec lequel Ankara a, contradictoirement, engagé des pourparlers de paix.
« Il faut d’abord faire sortir ces journalistes de prison. Ensuite, changer les lois » , a dit hier Jean-Claude Defossé (Ecolo), l’un des trois parlementaires belges à avoir assisté à une partie de ce procès entre le 21 et le 24 avril. « Il faut que cesse cette omertà sur ce pays où 600 000 Belges vont chaque année et ignorent ce qu’il s’y passe. »
Les deux autres parlementaires étaient André du Bus (CDH) et Fatoumata Sidibé (FDF).
Les trois parlementaires ont effectué cette visite à leurs frais et à titre individuel. Car le PS et le CDH ont bloqué le projet d’une visite officielle du Parlement de la Communauté française, tandis que le MR s’est abstenu. « Pour ne pas froisser la communauté turque, on ne veut pas pétroler là-dessus » , enrage l’ancien journaliste Jean-Claude Defossé, qui dénonce le communautarisme de plusieurs partis à Bruxelles.
Dans le procès dit du « KCK », 24 journalistes sont détenus et 20 comparaissent libres. A l’audience, à la grande surprise des parlementaires, l’acte d’accusation a été lu par une journaliste de la télévision d’Etat TRT. « Les preuves du parquet s’appuient sur des témoins anonymes, des écoutes téléphoniques, la présence des suspects à des événements publics (conférence, meeting, fête) et des publications assimilées à de la propagande en faveur du PKK » , écrivent les parlementaires dans le rapport qu’ils ont présenté à la presse hier au siège de l’Association des journalistes professionnels (AJP) à Bruxelles, en compagnie de Mehmet Koksal, vice-président de l’AJP et leur guide en Turquie.
Les parlementaires estiment que, sous couvert de lutte contre le PKK, qualifié de mouvement terroriste, les autorités cherchent à museler la presse, très active dans ce pays et protégée en principe par l’Article 28 de la Constitution qui affirme que « la presse est libre et ne doit pas être censurée » .
« La plus grande prison du monde »
Selon ces parlementaires, les méthodes ont changé depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKP, dominé par Recep Tayyip Erdogan. En Turquie, relève André du Bus, « on assassine de moins en moins les journalistes, et on les emprisonne de plus en plus » .
Des tribunaux spéciaux ont été mis sur pied. C’était le cas à Silivri, gigantesque prison de 11 000 détenus, où le tribunal donne directement par une porte latérale sur la prison. Disposant de pouvoirs spéciaux, le juge peut interpréter plus largement la loi.
Au total, près de 68 journalistes sont détenus en Turquie, dans diverses affaires. Pour l’association Reporters sans Frontières (RSF), qui avait également envoyé des délégués au procès, « la Turquie est la plus grande prison du monde pour les journalistes. Un triste paradoxe pour un pays qui se présente comme un modèle régional de démocratie » .
Les journalistes turcs espèrent que les pourparlers de paix avec le PKK vont permettre de libérer leurs collègues emprisonnés. Le chef militaire du PKK, Murat Karayilan, a annoncé jeudi que les rebelles se retireraient de Turquie à partir du 8 mai.
En Belgique, les trois parlementaires comptent poursuivre les pressions. « Il faut continuer comme on l’a fait avec Aung San Suu Kyi en Birmanie » , dit-il.
Photo Mehmet Koksal Photo : Mehmet Koksal
Une délégation non-officielle de trois parlementaires belges s’est rendue en Turquie du 21 au 24 avril. Elle était composée de (photo, de g.à dr.) Jean-Claude Defossé (député bruxellois Ecolo), Fatoumata Sidibé (députée bruxelloise, FDF), André du Bus (sénateur CDH), accompagnés de Mehmet Koksal, vice-président de l’AJP et en charge de la campagne pour la libération des journalistes en Turquie pour la Fédération européenne des journalistes (FEJ). Objectif de cette mission : rendre compte de la situation de la liberté de la presse en Turquie, en assistant notamment à deux audiences au tribunal de Silivri. On y jugeait l’affaire KCK Presse, dans le cadre duquel 44 journalistes (dont plus de la moitié sont privés de liberté) sont poursuivis pour appartenance ou propagande en faveur d’une organisation illégale ; et le dossier Ergenekon, du nom d’une organisation secrète à laquelle participeraient des journalistes en vue de renverser le pouvoir en place.
Silivri, c’est un gigantesque complexe pénitentiaire situé à quelques 80 kilomètres d’Istanbul. « A titre de comparaison, ce complexe a la même taille que la commune de Saint-Josse-Ten-Noode. C’est une prison à ciel ouvert », indique Mehmet Koksal, lors du point presse organisé le 26 avril à la Maison des journalistes, à Bruxelles.
Photo AJP
« Ce qui m’a frappé, à l’arrivée, c’était les rires des enfants car Silivri dispose d’écoles pour les enfants du personnel de la prison, où sont enfermées 11.000 personnes », explique Fatoumata Sidibé. A l’audience, les téléphones portables, appareils photo et caméras sont interdits. Jean-Claude Defossé en réalisera un croquis sur lequel on ne peut manquer l’écran de télévision sur lequel s’affiche une speakerine. « De la télévision publique turque », précise-t-il. « C’est elle qui lira l’acte d’accusation pendant deux heures. Se trouver dans cette salle d’audience, ça glace les sangs. Vous vous trouvez dans le public derrière une couche de gendarmes et de journalistes détenus. 24 d’entre eux ne peuvent voir leur famille qu’une seule fois par mois. Ils vivent pratiquement dans un isolement total, c’est émouvant. »
« Ces trois jours étaient d’une intensité rare », poursuit André du Bus, qui précise que cette mission a été financée sur fonds propres. Le sénateur a également observé que « la persistance d’un régime fort est perceptible à tous les coins de rue. La surveillance est assurée dans les lieux publics par des systèmes de caméras et par une police omniprésente. Les effectifs de la police ont été multipliés par 5 ces dix dernières années. Ce qui est manifeste au vu de l’âge particulièrement jeune des policiers. On s’en rendra compte à Silivri. Incontestablement le passage d’un régime militaire à un régime policier n’est pas une formule creuse. »
Au cours de son séjour, la délégation belge a eu l’occasion de rencontrer des journalistes turcs, des journalistes étrangers basés en Turquie, des députés turcs et des représentants d’organisations militant pour les libertés de la presse et d’expression. Un rapport de 16 pages détaille ces nombreuses rencontres : → cliquer ici pour télécharger ce rapport