Commission communautaire commune
Question orale de Madame Fatoumata Sidibé, Députée bruxelloise MR-FDF, à MM. Benoît CEREXHE et Jean-Luc VANRAES, Membres du Collège réuni en charge de la Santé – 3 novembre 2011
Concerne: Prévention des risques liés à l’utilisation de certains produits éclaircissants. La réponse est disponible ici
Le compte-rendu complet est disponible page 23 en cliquant ici.
L’utilisation de produits éclaircissants (crèmes, laits, sérums, gels, savons antiseptiques) dans le but d’avoir une peau claire est une pratique qui très répandue en Afrique, en Asie, au Maghreb, au Moyen-Orient, en Amérique du sud, dans les Iles Caraïbes, aux Etats-Unis, en Europe. Cette dépigmentation volontaire, les femmes et aussi les hommes, est de plus en plus pratiquée par des jeunes de 15 à 17 ans. Les raisons invoquées pour utiliser ces produits sont nombreuses : avoir un teint plus clair, plus lumineux, supprimer des tâches, etc. Entendons-nous bien, quelle qu’en soit la raison, s’éclaircir le teint est une affaire personnelle, de goût ou de mode. Il ne s’agit donc pas de porter un jugement ni de stigmatiser. Cependant, l’utilisation de certains traitements dits « de beauté » ont des conséquences très graves sur la santé.
Certains produits cosmétiques contenant des substances satisfaisant aux conditions de contrôle sanitaire et de règlementation (comme les dérivés de la vitamine A, des acides de fruits, de la vitamine C, des écrans solaires etc.) sont légalement mis en vente. D’autres produits sont douteux dans la mesure où la vraie composition n’est pas écrite sur les boîtes. D’autres encore ne sont pas autorisés à la vente mais sont facilement disponibles à la vente dans des boutiques spécialisées, via Internet ou importés de l’étranger. Ils contiennent des ingrédients toxiques pour la santé comme l’hydroquinone, interdit de circulation. Le mercure et les corticoïdes sont également des ingrédients incriminés. Certains de ces produits sont des médicaments que les vendeurs font passer pour des produits cosmétiques. Souvent, il arrive aussi que les usagères détournent ces produits de leur utilisation médicale et les mélangent elles-mêmes avec des pots de lait ou de crème.
L’utilisation récurrente de ces lotions engendre des dommages irréversibles: troubles de pigmentation, acné, atrophie cutanée, nodules, allergies, infections cutanées, poils disgracieux, vergetures, brûlures, etc. A long terme, ces produits pourraient même être à l’origine de complications rénales, du diabète, de l’hypertension, de la gastrite, de la stérilité chez les femmes voire de cancer cutané.
Beaucoup de personnes, par manque d’information ou de conseils adaptés sont des victimes involontaires qui tombent dans le piège de la dépendance. Souvent les personnes qui utilisent ces produits sont ignorantes des risques encourus par l’utilisation de ces produits ou n’en sont pas assez conscientes. C’est pourquoi les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités informer les consommateurs du risque réel qu’ils prennent en utilisant certains produits. C’est un enjeu de santé publique il est important. Depuis 2008, l’association Ethnic CosmEthic basée à Bruxelles, tente d’informer, sensibiliser et orienter les consommateurs dans un souci d’éthique. Afin de mettre un terme à ce phénomène inquiétant, en particulier au sein de la communauté africaine à Bruxelles, les médecins et les dermatologues insistent sur l’importance de la prévention et de l’information, de la nécessité de mettre en avant la beauté de la peau noire.
Je souhaiterais poser les questions suivantes aux Membres du Collège réuni compétents :
1) En 2009, L’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS) a attiré l’attention sur le risque potentiel des produits pour blanchir la peau, et ce, suite à des actions de contrôle qu’elle a effectuées dans les magasins de produits africains de plusieurs villes en Belgique. L’alerte, sous forme de mise en garde, avait été lancée par les autorités belges qui ont promis de traquer ceux qui s’adonnent à la vente de ces produits en dehors de toute prescription médicale. Quelles sont les suites et résultats de ces contrôles ?
2) Disposez-vous d’une évaluation concernant le nombre d’utilisateurs des produits éclaircissants ? Si non, une récolte d’informations à cet égard est-elle prévue afin de pouvoir disposer d’informations utiles sur cette problématique aux conséquences dramatiques sur la santé ?
3) La question d’une information ciblée à l’égard des personnes concernées a-telle fait l’objet d’une réflexion, éventuellement avec d’autres entités compétentes ?
4) Le Ministre envisage t-il des campagnes de sensibilisation et de prévention spécifique pour informer que l’utilisation de produits pour s’éclaircir la peau peut nuire gravement à votre santé ? Une campagne de prévention ciblée en collaboration avec les autres entités compétentes sont-elles prévues ?
5) Quelles mesures avez-vous prises afin d’informer également les professionnels de la santé et de les sensibiliser davantage à cette problématique ?
Je vous remercie pour vos réponses.