La lutte contre l’analphabétisme

Parlement francophone bruxellois

Interpellation de Fatoumata SIDIBE, députée MR-FDF, à Charles Picqué,  Ministre chargé de la cohésion sociale et à Emir Kir, Ministre en charge de la formation professionnelle – 19 novembre 2010
Concerne : La lutte contre l’analphabétisme. La réponse est disponible ici

Le compte-rendu est disponible page 3 en cliquant ici

L’état des lieux de l’analphabétisme en Région bruxelloise reste préoccupant. Tant pour les wallons que pour les bruxellois, il n’existe pas d’enquête systématique sur le niveau de  maîtrise de compétences de base.  En l’absence de chiffres réels, il est difficile d’évaluer si l’alphabétisation évolue positivement ou non dans notre Région. L’analphabétisme touche les jeunes, travailleurs, demandeurs d’emploi, primo-arrivants, personnes incarcérées, femmes au foyer, pensionnés, personnes en situation de grande précarité.


L’Asbl Lire et écrire estime que 10% de la population adulte au sein de la Communauté française Wallonie-Bruxelles est analphabète ou illettrée. Des chiffres qui ne reflètent sans doute pas la réalité si on les compare aux résultats d’enquêtes menées. Ainsi, on peut citer l’enquête de l’OCDE sur la « littératie » menée en Communauté flamande en 1997 et qui relève que 15 à 18 % de la population adulte flamande ne dépasse pas le niveau le plus élémentaire tel que défini par l’OCDE.
A l’occasion de la journée internationale de lutte contre l’analphabétisme le 8 septembre dernier, l’Asbl Lire et Ecrire a souligné « la persistance de l’analphabétisme dans les pays industrialisés et plus particulièrement en Communauté française de Belgique, où l’on estime qu’une personne sur dix est en grande difficulté face à l’écrit ». Elle a également rappelé qu’en décembre 2009, lors de la sixième Conférence Internationale sur l’Education des Adultes (CONFINTEA VI), les 144 Etats membres de l’UNESCO ont reconnu ‘l’éducation des adultes comme un élément essentiel du droit à l’Education’ et réaffirmé que ‘l’alphabétisation est le fondement le plus important sur lequel s’édifie l’apprentissage global, inclusif et intégré tout au long et dans tous les aspects de la vie, pour tous les jeunes et tous les adultes’.
Nul doute, il y a encore beaucoup d’efforts à déployer pour réduire l’analphabétisme et  notamment à veiller à augmenter l’offre et la qualité des programmes d’alphabétisation, la participation des couches de la population fortement désavantagées, notamment les femmes et les jeunes. En effet, comme le souligne l’Asbl précitée, « ce qui importe ce ne sont les chiffres » mais bien que tous les adultes qui le souhaitent puissent trouver à proximité une formation d’alphabétisation de qualité adaptée à leurs besoins.
Un proverbe malien dit que « Ne pas savoir lire ni écrire, c’est comme vivre dans l’obscurité ».
Ne pas savoir lire et écrire, c’est aussi vivre dans la dépendance, dans l’ignorance de ses droits, dans l’exclusion sociale, professionnelle. L’alphabétisation est une voie vers l’émancipation. Lire et écrire c’est aussi le droit de questionner le monde et de se questionner, de réfléchir, d’écrire son his¬toire, d’imaginer, de créer, d’accéder à une participation sociale, culturelle, économique et politique, de développer ses compétences professionnelles, d’aiguiser une réflexion critique. C’est aussi permettre aux apprenant-es à  gérer les problèmes de survie face à la société, à se défendre, à être autonome.

L’éducation permanente représente une chance pour de nombreuses populations  stigmatisées, marginalisées et exclues de certaines sphères sociales. L’alphabétisation offre aux citoyennes et citoyens une ouverture sur le monde, la possi¬bilité d’aiguiser leur esprit critique et de le frotter et le limer contre celui des autres. Elle leur ouvre tout un monde de savoirs, de réflexions, de remises en question des idées reçues, d’émancipation et d’épanouissement. Les femmes migrantes sont souvent isolées socialement et intellectuellement. La participation à des programmes d’alphabétisation et de formation représente pour elles une bouffée d’oxygène mais aussi l’occasion de s’inscrire dans un projet d’éman¬cipation, de valorisation culturelle et de responsabilisation citoyenne.

Les obstacles à franchir sont nombreux. L’asbl Lire et Ecrire pointe des obstacles importants : l’insuffisance  de l’information, le manque de places, de locaux, de formateurs, de places de garderie.

Aussi, je souhaiterais interroger les Ministres sur les points suivants :
– Depuis de nombreuses années, nous sommes confrontés à l’absence de données statistiques permettant d’objectiver l’évolution ou non de l’analphabétisme.  Envisagez-vous de confier à l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse, éventuellement en collaboration avec le Centre régional pour le développement de l’alphabétisation et l’apprentissage du français, la mission de récolter des statistiques sur le nombre, le profil des apprenant(e)s ?
– Disposez-vous d’informations sur l’état des lieux 2009 de l’alphabétisation des adultes ? Qu’en est-il de la réalisation d’outil commun aux trois entités francophones pour la gestion des subventions octroyées aux opérateurs d’alphabétisation ? Quelles actions ont été menées en collaboration avec les autres entités concernées dans le cadre d’une approche globale et transversale ?
– Quelles sont les actions mises en place pour favoriser le développement de l’offre d’alphabétisation notamment depuis l’adoption du Plan bruxellois pour l’Alphabétisation? En effet, la demande d’inscription aux cours d’alphabétisation s’accroît et de nombreuses demandes ne sont pas rencontrées.
– Disposez-vous d’une évaluation des missions confiées au Centre régional pour le développement de l’alphabétisation ?
– Moins on est scolarisé, plus on vit en situation précaire et moins on a de possibilités d’accès aux services de formation d’adultes. Quelles sont les actions mises en place pour développer l’alphabétisation en  lien avec la formation professionnelle ?
– D’autre part, lire et écrire c’est aussi un regard sur le monde, c’est aussi connaître ses droits et devoirs, l’ouverture à l’autre. Dès lors, je souhaiterais savoir si le programme des formations en alphabétisations comprend des actions de sensibilisation à la vie affective et sexuelle, à la citoyenneté, à l’égalité entre les hommes et les femmes ?
– Quels sont les moyens octroyés dans le cadre de l’alphabétisation (cohésion sociale, formation professionnelle,..)?

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